PHOTOS ICONIQUES - SOIREE DU 22 novembre 2017 

présentée par Ghislaine CHAPEAU et Stéphane FABRE

La soirée est  consacrée à regarder des photos particulièrement connues, et cela depuis la création du procédé photographique soit 180 ans.

Nous avons pris pour base l'ouvrage des Editions TASCHEN (qui se consacre à tout ce qui est Beaux- Arts) et intitulé "50 PHOTO ICONS"

C'est TASCHEN qui a fait ce choix du fait que "ces photos définissent un époque, ou qu'elles font ressentir une émotion si profondément universelle et humaine qu'elles sont devenues des icones connues du monde entier". 

Cependant présenter les 50 photos d'affilé nous a paru trop important, nous avons donc ramené notre présentation à 25 photos iconiques.

 

Nous reproduisons à la suite ces photos et les textes les accompagnant. Ces derniers sont établis à partir des écrits TASCHEN en résumé et condensés. 

NICEPHORE NIEPCE (1755-1833) ingénieur et inventeur

 

Continuellement en recherche dans plusieurs domaines, il s'endettera, et connaitra beaucoup de difficultés financières. C'est en 1827 qu'il réalise sa première photo. Pour cela il utilise une plaque d'étain et du bitume de Judée provenant de l'asphalte des mines de Seyssel (Ain).  Apparemment, il aura fallu plusieurs jours de temps de pose. Il nommera sa photo "Point de vue du Gras"

 

DAGUERRE (1787-1851) Peintre et inventeur

 

Il mit en place (avec l'aide de NIEPCE) le procédé photographique en 1839 qui portera son nom, daguerréotype. C'est en 1838 qu' il réalisa son daguerréotype le plus célèbre car y apparait la première représentation de la figure humaine en photographie, intitulé  "Boulevard du Temple" . 

 

NADAR (de son vrai nom Félix TOURNACHON) (1820-1910 Paris) caricaturiste célèbre (Charivari) , écrivain, aéronaute et photographe collodion humide

NADAR fut un portraitiste remarquable (procédé au collodion humide). Il fait les portraits d’innombrables hommes et femmes célèbres de l’époque (artistes notamment, écrivain, poète…)

Ses portraits sont des œuvres d’art au sens littéral du mot et cela de par la façon dont il éclaire ses modèles, la liberté dans les mouvements et l’allure qui leur laisse, la recherche de l’expression typique des traits dont il se préoccupe.

 

Vers 1864 = photo de SARAH BERNHARDT (Mademoiselle Sans-Gêne). Le cliché nous renvoie une image d’une jeune femme au regard mélancolique. Son visage est doucement modelé par un éclairage latéral caractéristique des portraits de Nadar. Aucun détail superflu ne détourne l’attention du spectateur  de ce modèle dont la rayonnante beauté laisse pressentir un grand destin

 

KARL BLOSSFELDT (1868-1932 allemand) Sculpteur et modeleur professeur au Musée royal des Arts Décoratifs

photographe allemand représentant la Nouvelle Objectivité , il est connu pour son inventaire des formes et structures végétales. Il s'est probablement inspiré des herbiers et des ouvrages botaniques du moyen âge et de la renaissance.

Ces études de végétaux fascinèrent l'avant garde contemporaine et inspirent encore aujourd'hui le travail de certains photographes tant traditionnels que conceptuels.

 

La Nouvelle Objectivité est un courant artistique (et contestataire) apparu en allemagne dans les années 1920 (18 -30) et qui succède à l'expressionnisme dont il découle par bien des aspects. La N.O. embrasse toutes les disciplines. Elle se caractérise par un réalisme froid (le monde industriel) mais qui peut atteindre une vision magique ou une acuité cynique. Provient aussi du mouvement dadaïsme). A la même époque se développe en France, le surréalisme. Le mouvement N.O. s'éteint en 33 avec l'arrivée du régime nazi (Hitler)

ALFRED STIEGLITZ (1864-1946 -EU) Ingénieur,  rédacteur de revue, éditeur

 Il fut un photographe activiste majeur du XXe siècle. Il imposa tout d'abord le PICTORIALISME au EU (les célèbres photos de NY où l'architecture est magnifiée en œuvre d'art) puis ses travaux vont le faire évoluer vers la STRAIGHT PHOTOGRAPHIE.

Cette photographie "L'Entrepont" prise en 1907, est la plus connue, et celle que l'auteur considérait comme essentielle.

En 1907, à l'occasion d'un voyage transatlantique entre NY et le HAVRE, Alfred STIEGLITZ fait ce cliché de l'entrepont du paquebot. Elle est une anticipation audacieuse de l'esthétique d'une nouvelle objectivité imminente. (Straight photography pour les EU)

 

Le chapeau de paille de couleur claire (canotier) du monsieur sur le pont supérieur a joué un rôle important en tant qu'élément de comparaison.

JACQUES-HENRI LARTIGUE (1894-1986 - F) Peintre, écrivain, photographe amateur

JH Lartigue né d'une famille aisée, fera ses premières photos dès l'âge de 8 ans. Il étudie l'art à Paris et se liera d'amitié avec Picasso et Cocteau. Mais il se considère comme un amateur.

Lorsqu'il prendra ce cliché, JH Lartigue dira "cette image est un accident " lors du Grand Prix de l'Automobile Club de France de 1912. JHL surpris par la vitesse de cette voiture la suit de son viseur et déclenche. Lors du développement il constate que tout est bougé, déformé et que la voiture est mal cadrée. Il met la photo au rebus.

 

C'est 50 ans plus tard, vers 1960, LARTIGUE a alors 68 ans, que par un heureux concours de circonstances il va faire connaitre sa photo aux E.U. et miracle elle sera perçue comme emblématique de la vision que nous avions du siècle de la technique. Il devient célèbre. Il va exposer au MoMa certains de ces clichés pris au cours de sa vie.

AUGUST SANDER  (1876-1964 allemand)  Photographe portraitiste

Portraitiste de talent, l'œuvre de A.SANDER aboutit à une typologie complète et immense de la société allemande,  photographies documentaires et artistiques exemplaires. Son travail figure aujourd'hui parmi les productions hors pair de la Nouvelle Objectivité photographique.

 

La photo présentée est une mise en scène scrupuleuse, tout y est préparé,  lieu date heure tenue accessoires. C'est l'image la plus reproduite car elle comporte un certain nombre de singularité et de paradoxe d'ou l'intérêt. Notamment cette impression de statisme et de mouvement à la fois, au point qu'on pourrait presque y voir une séquence de film. Elle est très évocatrice. 

PAUL STRAND (1890-1976) Photographe et cinéaste

Immense photographe , considéré comme le plus abouti de photographes américains du XXè siècle. Il est célébré comme le pionnier de la photographie moderniste au EU, se démarquant totalement du Pictorialisme de ses débuts.

Ses portraits peuvent être ressentis comme brutal. Ses photos sont très structurées (espèce de cubisme) Il faisait des portraits de gens simples et d'inconnus dans la rue sans qu'ils s'en rendent compte. Il avait l'art de saisir la psychologie des personnes de l'intérieur. Il s'aidait d'appareils spéciaux (objectif latéral, ou à lentille prismatique), qui lui permettaient de photographier sans se faire remarquer. C'est cet anonymat qui est devenu pour lui la garantie de cette objectivité optimale qu'il recherchait.

STRAND était partisan absolu de la straight photography, la photographie pure et directe, sans apprêt, rude non idéalisée. Le mouvement dans la ville, les abstractions et les portraits de rue seront ses thèmes de prédilection.

 

L'image présentée comme photo icône a un cadrage serré, focalisant le regard du spectateur au sein du cliché. l'arrière plan est obturé par un mur qui accentue l'extrême frontalité de l'image. 

 MAN RAY (1890-1976 EU) - Peintre, photographe et réalisateur de cinéma, acteur du dadaïsme à NY puis du surréalisme à PARIS

Il fut un artiste accompli peintre, dessinateur, écrivain mais c'est en tant que photographe surréaliste  qu'il s'est fait surtout connaître. 

Ce portrait, iconique, compte parmi les photographies les plus connues  à côté de la PRIERE, du VIOLON D'INGRES et des LARMES. 

MAN RAY a dit  ".... je n'ai jamais cessé de croire que la peinture est une forme d'expression dépassée, et que le photographie la détrônera quand le public sera visuellement éduqué".
Artiste surréaliste, le grand public a connu la photographie surréaliste principalement grâce aux publicités des magazines mondains.

 

Quelques points d'analyse : cette photo Noire et Blanche fut publiée en 1926 dans VOGUE. L'Afrique était à la mode. La photo joue avec le goût du public mais elle sous-entend une égalité entre l'Afrique et l'Europe. La similitude entre le visage de Kiki et le masque africain n'est pas fortuit. Les 2 ovales entrent en dialogue. Le visage blanc devient un objet....

ANDRE KERTESZ (1894-1985 hongrois naturalisé américain)  photographe majeur de la photographie du XXè siècle

Il est dit de son œuvre que l'on perçoit un sens de la douceur de la vie, un plaisir libre, enfantin dans la beauté du monde, un regard émerveillé même à 90 ans. Il se considérait comme un amateur.

MEUDON 1928 est une photo iconique que l'on trouve dans tous les livres photographiques.

 

Elle est décrite comme une image pleine de questions et d'énigmes visuelles et place la banlieue de PARIS dans le contexte d'un sens troublant de l'étrange. On y distingue aussi une note de surréalisme. Dans les commentaires on relève que répondre à la question qu'est-ce que MEUDON est une tâche considérable

Robert CAPA (1913-1954 hongrois)  photographe et correspondant de guerre

Il a couvert les plus grands conflits de son époque (guerre d'Espagne - guerre sino-japonaise - la seconde guerre-mondiale.... le débarquement....

MORT d'un SOLDAT REPUBLICAIN est une photo reportage prise le 5 sept 1936 par CAPA. Elle présente la mort comme réelle et prise sur le fait de Federico Borrell Garcia un anarchiste combattant dans les rangs républicains de la guerre d'Espagne. Grande polémique sur l'authenticité de la photo. Des enquêtes établissent avec une quasi certitude que la photo n'a pas été prise sur le champ de bataille (Cerro Muriano) mais qu'elle a été mise en scène.

Pour autant photo iconique et symbole de la guerre d'Espagne - une des plus célèbres

 

(Certains ont  vu une analogie entre cette photo et la scène finale de la JETEE de Chris MARKER)

DOROTHEA LANGE (1895-1965 EU) Grande photographe américaine dont l'œuvre est devenue un témoignage sur la vie misérable du peuple américain et un cri de révolte 

Elle va travailler à partir de 1935 avec les administrations fédérales de réinstallations (FSA) lors de la GRANDE DEPRESSION (crise boursière/krach de 1929 - sécheresse entrainant la ruine des fermiers des Grande-Plaine). Ses photos vont alors être le plus puissant acte d'accusation dressé sur la souffrance des populations agricoles.

 Elle a aussi couvert le monde ouvrier, le camps d'internement des japonais, elle a fait des reportages sur l'Irlande, l'ASIE, l'Egypte....

Le portrait LA MERE MIGRANTE a été pris par hasard dans un campement de ramasseurs de pois. Il est devenu les symbole, un récit mythique, de ces migrations désespérées vers l'Ouest pour survivre. Ce fut un véritable exode américain . Cette photo aura plus fait que tous les discours américains et la conscience américaine en aura été changée et bouleversée. Les "vagabonds de la faim" avaient grâce à elle une existence digne et humaine.

Si on l'analyse la photo, la mère fait face , digne,  fière, drapée dans sa douleur et sa misère. Il y a quelque chose des figures  bibliques, des madones 

 

(GRANDE DEPRESSION, crise économique de 1930 avec plus de 14 millions de chômeurs, files de soupe populaire. A cela il faut ajouter le piège de l'errance vers le faux eldorado californien à la suite d'une série de tempêtes de poussières survenue ces années là (DUST BOWL) et qui constituèrent une catastrophe écologique majeure - très importants dégâts sur l'écologie et l'agriculture de la Prairie des Grandes Plaines)

 

SAM SHERE -  Lakehurst New Jersey  1937

La photo

Ce soir du 6 mai 1937 à Lakehurst, New Jersey (sud de New-York) le temps est à l’orage , et Sam Shere( journaliste photographe américain) de 33 ans, attend sous la pluie depuis plusieurs heures avec une vingtaine d'autres journalistes et caméramen. 

Sa mission : tirer le portrait de la haute société (écrivains, hommes d'affaires, officiers en retraite) à la sortie du dirigeable.

Mais alors que le Zeppelin Hindenburg s'approche du mât d'amarrage où doit s'achever sa traversée de l’atlantique, une gerbe de flammes jaillit au niveau de la poupe – vraisemblablement une décharge électrostatique. En quelques secondes, le dirigeable de 200 tonnes est secoué par une énorme explosion, et les flammes propagées par le dihydrogène, nourries par le kérosène, dévorent son enveloppe de lin et de coton. 

C’est le plus grand dirigeable commercial jamais construit, il porte le nom du chancelier allemand auquel Hitler a succédé. Il était conçu à l’origine pour un gonflage à l'hélium. Mais ce gaz ininflammable est rare et cher et essentiellement produit aux Etats-Unis, qui imposent des mesures protectionnistes au milieu des années 1930 pour casser les reins de la concurrence.

 La compagnie Zeppelin, nationalisée par l'Allemagne nazie, se rabat sur l'hydrogène : plus économique, ce dernier a une meilleure portance et permet d'embarquer plus de passagers, même s'il a été interdit outre-Atlantique en raison d'accidents à répétition.

Les ingénieurs allemands sont sûrs de leur savoir-faire et le "Hindenburg" devient rapidement l'orgueil et l'ambassadeur volant de l'Allemagne nazie. Son imposante silhouette survole Berlin pendant les jeux Olympiques de 1936. A la pointe de la technologie de l'époque, il offre un confort unique à ses passagers fortunés – un impératif, car si sa relative lenteur (entre 100 et 150 km/h selon les vents) permet d'admirer les paysages, les voyages transatlantiques peuvent durer deux jours et demi. Le billet aller-retour, coûte l'équivalent de 10.000 euros actuels.

Sur les 97 personnes à bord (36 passagers et 61 membres d'équipage), l'accident tue en tout 36 personnes : 13 passagers, 22 membres d'équipage dont le capitaine, et un manœuvre au sol. Aussi miraculeux que cela paraisse, deux tiers des personnes à bord en sortent vivants, après avoir sauté de la nacelle où elles s'étaient réunies pour observer l'amarrage. 

"Il me restait deux prises de vue dans mon appareil photo, dira Sam Shere, mais je n'ai même pas eu le temps de le porter à mes yeux. J'ai déclenché au niveau de ma taille. Tout s'est passé si vite que c'était la seule chose à faire.

"D'autres photographes présents ont fait des clichés similaires. Je pense que j'ai juste eu la chance d'être au bon endroit au bon moment. Je ne vois pas cette photo , vraiment,  comme mon principal fait d'armes.

La photographie , parfaitement cadrée, paraîtra notamment dans "Life", le "New York Times" et lui vaudra le titre de la meilleure photo d'actualité de 1937. 

Pourquoi cette photo est iconique ? 

Ce n'est pas tous les jours qu'on voit un moyen de transport mourir. Lorsqu'on se penche sur les illustrations d'anticipation du début du XXe siècle, se dessine, parmi les nombreuses certitudes de l'époque, ce postulat : l'avenir est au dirigeable. Nombreux sont ceux qui voient, à terme, ces nobles aéronefs triompher de l'avion métallique – trop cher, trop dangereux, trop bruyant, trop polluant.

 

L'histoire du LZ-129 Hindenburg a souvent été comparée à celle du "Titanic" ("Le 'Titanic' des airs" est d'ailleurs le titre d'un documentaire de 2007). Mais hormis des dimensions relativement proches (près de 250 mètres de long), une réputation d'excellence technologique et un destin qui a traumatisé l'opinion publique, la comparaison trouve vite ses limites : alors que le naufrage du navire de la White Star Line n'a pas enrayé l'essor fulgurant des paquebots transatlantiques, le sort du Hindenburg a planté le dernier clou dans le cercueil d'une industrie déjà moribonde.

HORST P. HORST -  Corset Mainbocher 1939

La photo

En août 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Horst a pris sa célèbre photo du Corset dans les studios Paris Vogue sur les Champs-Elysées.

Sous une lumière sophistiquée, le dos d’une femme blonde, le lacet du corset Mainebocker en satin dénoué, prêt à tomber. Hommage à la sculpture antique, érotisme soufflé, et ce lacet en attente d’une main audacieuse… Lors de sa publication, Vogue  y mettra plus d’ombre que nécessaire, l’époque n’est pas au sexe en ligne, encore moins au superflu ; et les lecteurs, tout autant que les managers, veillent scrupuleusement à la morale des contenus. C’est pourtant là, dans cette tension feutrée inscrit dans ces prises de vues, que se cache la séduction minutieuse de Horst. Même si aujourd’hui l’on peut sourire de telle ou telle gestuelle des mannequins, de leur académisme, de leur impassibilité, quelque chose passe toujours de la beauté, les corps plus contraints que les vêtements, dissimulés, ne sont pas traités comme des chiffons, mais comme des éléments de classe. 

Il est né Horst Paul Albert Bohrmann près de Weimar, en 1906. Les Etats-Unis lui offriront son nouveau nom lorsqu’il prendra la nationalité américaine, en 1943. 

Rien ne prédestinait Horst à la photographie, car il rêvait plutôt d’architecture. Il effectua un stage chez Le Corbusier à Paris, en 1930, mais il s’ennuie à mourir chez le maître du béton. Sa rencontre avec George Hoyningen-Huene,  « le baron de Vogue », en 1931,  est décisive. Il devient son amant et son modèle attitré, et voyage avec lui en Angleterre cet hiver-là. Ils rencontrent Cecil Beaton qui travaillait pour British Vogue : Horst commence alors sa collabora avec le magazine.. 

En 1936, il fait la connaissance de Coco Chanel et fera des photos de ses créations pendant près de trente ans.

Un maître de la lumière et des ombres

Son talent pour saisir la lumière et l’exploiter est dû à l’utilisation de quatre projecteurs focalisés sur ses modèles pour les faire se démarquer de l’arrière-plan. Ce talent lui donne le surnom de « magicien » de la lumière 

Pourquoi cette photo est iconique

Horst a photographié sa célèbre photo la veille d’une catastrophe à venir.  « C’était la dernière photo que j’ai prise à Paris avant la guerre » , a-t-il rappelé plus tard, « J‘ai quitté le studio à 4 h00 du matin, je suis retourné à la maison, ramassé mes sacs et j’ai attrapé le train de 7 h00 pour Le Havre à Bord du bateau le « Normandie ». Nous avons tous cru que la guerre arrivait (….. ). J’avais trouvé une famille à Paris et un mode de vie. Les vêtements, les livres, l’appartement, tout dû rester.

 Cette photographie est particulière pour moi, c’est l’essence de ce moment. Pendant que je prenais cela, je pensais à tout ce que je laissais derrière moi. » 

 

Cette photo représente la fin d’une époque et la nostalgie du passé.

ALFRED EISENSTAEDT - V.J Day 1945

La photo

On l'a longtemps prise pour l'image la plus romantique du monde, mais la photo d'Alfred Eisenstaedt n'a rien d'une scène d'amour. Dans cette image, tout semble parfait : un marin et une infirmière s'embrassent avec passion à Times Square pour célébrer la capitulation du Japon le 14 août 1945. Lui en uniforme sombre, elle tout en blanc, abandonnés dans une embrassade théâtrale, aveugles à la foule riante, sur la place la plus célèbre du monde. L'image est si parfaite qu'elle a longtemps été accusée d'être une mise en scène.

Il s’agit  bien d’une photo spontanée, contrairement au Baiser de l'Hôtel de Ville, de Robert Doisneau. Les héros en sont Greta Zimmer Friedman et George Mendonsa, tous deux encore vivants. 

Suite à la sortie d’un livre, cette photo déclenche une polémique : l'image cacherait… une agression sexuelle.

Greta Zimmer n'était pas infirmière : en 1945, elle est assistante dans un cabinet dentaire. "Nous étions habillées comme des infirmières. Collants blancs, chaussures blanches, robe blanche, et une coiffe blanche qu'on enlevait à l'heure du déjeuner

Ce matin-là, les patients parlent tous de la capitulation du Japon. Pour vérifier l'information, la jeune fille profite du déjeuner pour filer à Times Square, où l'immeuble du magazine Life affiche les dernières actualités. Là, les lettres lumineuses proclament : "V-J DAY ! V-J DAY !«  Victory over Japan Day  Une foule en délire célèbre l'événement.

Le marin George Mendonsa, lui, est au cinéma avec sa petite amie, quand une foule en liesse interrompt la séance. Ravi de ne pas avoir à retourner dans le Pacifique, le marin écume les bars. A Times Square, bien aviné, il aperçoit Greta Zimmer qui retourne au travail. Dans le livre The Eye of Eisenstaedt, le photographe écrit : "J'ai remarqué un marin venant dans ma direction. Il attrapait toutes les femmes à sa portée et les embrassait, jeunes comme vieilles. Puis j'ai remarqué l'infirmière, debout dans cette immense foule. J'ai fait le point sur elle, et, comme je l'espérais, le marin est arrivé, a attrapé l'infirmière, et s'est penché pour l'embrasser."

Greta Zimmer ne connaît donc pas le marin. Son abandon n'est pas une pose consentie mais contrainte. Sur une des quatre images d'Eisenstaedt, on la voit serrer le poing. 

Pourquoi cette image est devenue une icône ?

Publiée par le magazine Life, elle est devenue une icône car elle est l’image symbole du "V-J Day" (Victory over Japan Day) et de l'euphorie qui l'a accompagné.

 L'article de Life consacré à l'événement en 1945 évoque des scènes de liesse, mais aussi des débordements, des violences. Six images de baisers accompagnent l'article. Mais "à l'exception de la photo du "Baiser de Times Square" d'Eisenstaedt, toutes les autres photos de baisers décrivent des actes plus lascifs ou transgressifs"

 

C'est la plus consensuelle qui deviendra une icône, réduisant l'événement à ses aspects positifs.

HENRI CARTIER-BRESSON - Allemagne 1945

La photo

A la libération du camp de déportés de Dessau en Allemagne (sud ouest de Berlin), photo prise entre avril et juillet 1945 

Les trois personnes dans la photographie de Cartier-Bresson sont une femme exposée publiquement en tant que collaboratrice nazie; une deuxième  femme l'accusant, vêtue de noir; et un homme maigre et sérieux, assis à un bureau et clairement une figure d'autorité. 

Les identités des deux femmes ne sont pas connues, mais Cartier-Bresson a noté que l'accusée était belge et «une informatrice de la Gestapo » 

L'homme a été identifié comme un jeune Hollandais qui avait été nommé commandant du camp à Dessau par l'armée américaine. Il avait lui-même été récemment libéré d’un camp de concentration.

Au moment où la photo a été prise, l'informatrice se tient la tête penchée de honte tandis que la femme qui l'accuse montre les dents et lève le bras, pleine de rage et de désir de vengeance. 

Après avoir photographié la fameuse image, Cartier-Bresson a continué à enregistrer ce qui s'est passé par la suite. Les images suivantes de la séquence montrent l'accusatrice qui suit l’informatrice de plus en plus assiégée et honteuse et la frappe avec un bâton alors que la foule regarde. Ces images donnent une idée du destin de l'informatrice, mais c'est la première image, le «moment décisif»  qu’Henri Cartier Bresson capture, en un instant éphémère, qui dit tout sur la situation. 

Pourquoi la photo est iconique ? c’est une photo qui représente la Libération après la fin de la deuxième guerre mondiale et c’est une image symbolique de la fin de la terreur nazie.

 

De plus, Les expressions contrastées des personnages symbolisent les sentiments des gens qui sont du côté des gagnants et ceux qui sont du côté des perdants après une guerre longue et dévastatrice: la colère triomphante des peuples enfin libérés de la tyrannie et du contrôle nazi.

RICHARD PETER - Sud de Dresde vue de la tour de l’hôtel de ville  1945

La photo

Dès le début du conflit de la deuxième guerre mondiale, le Premier ministre britannique Winston Churchill confie au «Bomber Command» de la Royal Air Force la mission de détruire les sites stratégiques de l'ennemi. Il veut de cette façon relever le moral de ses concitoyens, durement affecté par les attaques aériennes sur les villes anglaises.

Le «Bomber Command» lance d'abord des attaques sur des sites stratégiques uniquement (zones industrielles et noeuds de communication). Cependant, ces attaques ciblées se révèlent de plus en plus coûteuses et inefficaces.

Le Premier ministre autorise alors les bombardements massifs étendus aux zones urbaines. Churchill espère de cette façon dresser la population allemande contre Hitler...

Dresde marque le paroxysme de cette stratégie. L'ancienne capitale du royaume de Saxe est surnommée la «Florence de l'Elbe» en raison de ses richesses artistiques et architecturales. Le bombardement des 13 et 14 février 1945 survient dans les dernières semaines de la guerre, alors que l'afflux de réfugiés hisse sa population de 600.000 habitants à près d'un million.

Une grande partie de la ville est réduite en cendres et avec elle environ 35.000 personnes.

Cette photo est prise sur la tour de l'hôtel de ville en septembre 1945. La statue représente l’Allégorie de la bonté. C’est le contraste entre la personnification de la vertu et la mort, entre la lumière et l’ombre, le proche et le lointain, le dessus et le dessous.

Le photographe Richard Peter s’installa à Dresde après la première guerre mondiale et rejoint le Parti communiste d'Allemagne pendant les années 1920 et 1930, il publie des photos dans des revues de gauche, ce qui lui valut une interdiction d'exercer son métier après l'arrivée au pouvoir des Nazis. Il fuit l’Allemagne.

Richard Peter revint à Dresde en septembre 1945 pour retrouver sa ville détruite par les bombardements de février 1945. Son matériel et ses archives avaient aussi été détruits. Empruntant du matériel, il commença à documenter cette destruction pour publier ses photographies en 1949  

Pourquoi la photo est icônique ?

La postérité a trouvé en elle la formule iconique propre à exprimer l’horreur de la guerre et des bombes en général et la fin de la Dresde baroque en particulier.

 

Il est courant de faire un parallèle entre la disparition de Dresde et les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki

ROBERT DOISNEAU - Le Baiser de l’Hôtel de Ville  1950

La photo

Cette photo a été prise en 1950 pour le magazine américain Life, mais il a fallu attendre les années 80 pour qu’elle accède à la célébrité

Robert Doisneau a fait poser deux jeunes gens sur la photo. Ce qui est vrai aussi, c’est qu’ils étaient comédiens, en formation au cours Simon. Mais Robert Doisneau ne les a pas engagés en tant que comédiens ! Il les a repérés dans un bar en train de s’embrasser et il leur a demandé de reproduire leur geste à l’extérieur en leur laissant faire comme ils voulaient. C’est une photo posée oui, mais pas un faux baiser.

Cette photographie est devenue particulièrement célèbre avec la commercialisation, en 1986, de 410 000 exemplaires d'un tirage en format affiche, un record mondial3.

Ce cliché a été au cœur de nombreux contentieux.

En 1993, le tribunal de grande instance de Paris déboute en appel trois demandeurs.

Les époux Lavergne qui n'ont pas réussi à prouver qu'il s'agissait bien d'eux sur le cliché. 

Et Françoise Bornet, la modèle initiale d’après elle, qui est sortie de l’ombre pour vendre le cliché original, numéroté et estampillé, que Robert Doisneau lui aurait donné après la séance photo. Mais le tribunal considère qu'elle ne peut se prévaloir d'un droit à l'image n'étant, du fait de sa position, pas reconnaissable sur le cliché.

Le cliché original sera adjugé 185 000 € en présence de sa propriétaire2.

Pourquoi cette photo est iconique ?

Cette image d’une étreinte fugace est devenue l’icône même de Paris.

 

Elle est aussi une métaphore de la joie de vivre telle qu’elle s’est imposée après-guerre.

 

DENNIS STOCK - James Dean à Times Square 1955

La photo

En 1955, Denis Stock suivit pendant de longs mois le jeune James Dean, alors en pleine ascension. 

Dans ce portrait James Dean est de mauvaise humeur, l'étoile emblématique des années 1950 erre dans les rues brumeuses de New York. Dean a souvent hanté Times Square alors une Mecque pour de jeunes acteurs. C’est là où se trouvait l’ Actors Studio.

Dennis Stock est né en 1928 à New York. Il a rejoint Magnum en 1951. Stock a réussi à évoquer l'esprit de l'Amérique à travers ses portraits mémorables et emblématiques de stars d'Hollywood, notamment James Dean. Et de 1957 à 1960, il a réalisé des portraits de musiciens de jazz, dont Louis Armstrong, Billie Holiday, Sidney Bechet, et Duke Ellington

Pourquoi cette photo est iconique ? 

C’était une commande et cette image est devenue un testament.

Sur ce cliché Denis Stock casse l’image de la star (adolescent rebelle et fragile dans le film La Fureur de vivre ) idole de la jeunesse américaine.

Cette photo est prise quelques mois seulement avant la mort de Dean par accident d'automobile en Californie le 30 septembre 1955.

 

On ne saurait dire qu’il fut « un beau cadavre » selon les mots prémonitoires de James Dean. Mais il aura vécu vite. Et il sera mort jeune, à 24 ans,

ROBERT LEBECK - Léopoldville 1960

La photo

En 1960. C'était l'année où les pouvoirs européens commencèrent à accorder l’indépendance à leurs dernières colonies. 

L'état du Zaïre (maintenant le Congo) a déclaré son indépendance le 29 juin 1960 et le Roi de la Belgique Baudouin et le Président Joseph Kasavubu roulaient à bord d’une voiture décapotable le long du boulevard  reliant l'aéroport au centre ville de Léopoldville (actuel Kinshasa), un nationaliste exubérant s’étant approché  près de sa limousine ouverte, arracha l'épée du Roi Baudouin, l’exhibant au-dessus de sa tête avant que la police ne puisse le maîtriser 

C’est sur une intuition et en étant placé au bon endroit au bon moment que Robert Lebeck a pu obtenir ce cliché. Grande figure emblématique du photojournalisme allemand de l’après-guerre, Robert Lebeck est né en 1929 à Berlin.

L’homme à l’épée s’appelle Ambroise Boimbo, et on pourrait interpréter son geste comme un message montrant que la liberté offerte par la Belgique n’est pas donnée mais bien prise. Un geste symbole rempli d’honneur et de fierté. 

Pourquoi cette photo est iconique ? 

Cette photographie touche les consciences et représente une symbolique forte de la fin du colonialisme en Afrique et du passage à une nouvelle ère.

 

On dit de 1960  que c’est « l’année africaine » et de « l’heure zéro » du Continent noir.

BERT STERN - Marilyn’s last Sitting   1962

La photo

En 1962 Marilyn Monroe accepte une séance photo pour le magazine Vogue. Elle ne verra jamais les clichés publiés. "Une dernière séance", réalisée par le célèbre photographe de mode  Bert Stern né en 1929 à Brooklyn et qui bien après la mort de l'actrice révéla les photos au grand public.

Durant trois séances et  trois jours de folie, de champagne (Dom Pérignon 1953) et de nudité. Marilyn Monroe se dévoile sans pudeur.

Lors de la première séance, dans une suite du Bel Air Hotel à Los Angeles, la star hollywoodienne accepte de se dévêtir en partie et réalise ainsi le rêve de Bert Stern : "photographier Marilyn à l´état pur", comme il le révèlera dans son livre "The Last Sitting", publié en 1982.

En 1962, dit-il, je suis assez sûr de moi et de mon métier de photographe pour me mesurer à Marilyn. Je possède mon art de regarder autant qu’elle possède l’art d’être regardée",

Il y a dans la deuxième séance une partie très émouvante où l'on voit Norma Jeane Baker avec ses failles. C'est très émouvant de voir la dernière photographie qui est celle où elle s'est endormie.

Un rapport presque amoureux s'installe entre elle et l'objectif, elle et son photographe : 12 heures de photos non stop. L’actrice va accepter de se livrer, rejouant son rôle devant l’objectif, et Stern multiplie les clichés pour saisir l’essence même de la femme-idole

Sur les 2700 prises de vue, Marilyn refuse que deux photos soient publiées dans Vogue. "Elle les marque avec une croix, non pas qu'elle rejette la qualité de la photographie, mais ce n'est pas l'image qu'elle veut proposer au journal"


Pourquoi cette photo est iconique ?

Bert Stern ne fut pas le premier à photographier Marilyn Monroe, mais il fut le dernier.

En juillet 1962 Bert Stern réussit à faire surgir les multiples facettes d’une Marilyn qu’on avait rarement vue aussi détendue, enjouée, proche et directe.

 

Quelques semaine plus tard, elle était morte.

NICK UT - Kim Phuc – Les civils bombardés au naphalm 1972

La photo

Le 8 juin 1972, le photographe Nick Ut est sur la route menant au village de Tran Bang (au nord de Saigon), censé être tenu par les troupes du Vietcong et assiégé par les Sud-Vietnamiens. l’armée sud-vietnamienne décide de bombarder le village au napalm

Sitôt après l’attaque, Nick Ut voit s’échapper et courir vers lui des rescapés, pour la plupart grièvement brûlés. Kim Phuc, la petite fille, est nue car elle s’est débarrassée de ses vêtements en feu. Elle crie atrocement. Nick Ut, parlant le vietnamien, est le seul journaliste à pouvoir communiquer avec elle et il la transportera vers un hôpital.
Kim Phuc, après 14 mois de soins et 17 opérations chirurgicales, s’en est sorti. Elle vit maintenant au Canada avec ses 2 enfants. Elle a été nommée Ambassadrice de Bonne Volonté de l’UNESCO en 1997.  

La photo ne paraitra que le 12 juin dans le New York Times. Sa parution ne fut pas retardée par des problèmes techniques, mais par de très vives discussions entre rédacteurs pour savoir si on avait le droit de publier la photo d’une personne nue ! Finalement, entrevoyant tout de même l’importance de cette photo, il fut décidé de la publier, non sans obtenir la garantie de ne pas en faire un agrandissement. Elle est toutefois recadrée pour centrer les enfants et masquer des photographes et journalistes à droite de l’image. 

Pourquoi cette photo est iconique ? 

Cette image a eu un grand impact et a prétendument permis d’accélérer la fin de la guerre du Vietnam. Il faut relativiser son importance dans ce cadre, ne serait-ce que, parce qu’elle arrive à un moment où la fin de la guerre est en vue. Mais sa très grande force iconique vient de sa propagation. Elle a été utilisée, récupérée et décontextualisée par d’innombrables mouvements idéologiques, politiques ou religieux
Très forte, dramatique et bien centrée sur le sujet. Mais on peut trouver d’autres cadrages, ainsi que d’autres photos de la scène qui racontent autant d’autres histoires. 

D’autres images encore, font voir l’armada de journalistes pourraient raconter l’histoire d’une petite fille qui serait victime de l’acharnement de la presse et de sa passivité face à ses souffrances.  

Nick Ut (de son vrai nom Huynh Cong Ut) est né en 1951 au Vietnam. À 16 ans il entre à l’agence Associated Press. 

 

Le Prix Pulitzer lui a été remis pour cette photo en 1973.

Hanns Martin Schleyer – Prisonnier de la RAF -  RAF  1977

La photo

en 1977, Hanns Martin Schleyer le patron des patrons allemands est kidnappé puis retenu en otage pendant des semaines par la Fraction Armée Rouge (RAF) groupe terroriste d’extrême gauche (Bande à Andréas Baader, 33 assassinats à leur actif entre 1972 et 1977). Hanns Martin Schleyer n'a pas été choisi au hasard. En tant que président de l'organisation patronale, il incarne le système capitaliste honni par la RAF. Ancien membre du parti nazi pendant la seconde guerre mondiale, il est aussi le symbole de cette génération restée aux manettes malgré les atrocités commises sous le Troisième Reich. Ses ravisseurs réclament en contrepartie de sa libération que onze membres de la Fraction Armée Rouge soient libérés de la prison Haute Sécurité de Stammheim, à Stuttgart.

Mais les autorités ouest-allemandes demeurent inflexibles : il est impensable de céder au chantage, comme le déclare le chancelier Helmut Schmidt dans une allocution télévisée. Le credo du gouvernement, martèle le chancelier, est que "le terrorisme n'a aucune chance à terme".

Hanns Martin Schleyer est exécuté par la RAF le 18 octobre 1977. 

Cette photo reprend les codes de la photo d’identité judiciaire de la police et de la photo revendicative

Portrait de face du supposé coupable avec numéro d’enregistrement, ici la date du jour.

Logo de la RAF ( pistolet mitrailleur lettres RAF sur fond d’une étoile rouge symbole du parti communiste russe.

Hommages aux martyrs entre guillemets des membres de la RAF ( Commando Siegfried Hausner, blessé à l’ambassade d’allemande à stocklom mort en prison à Stuttgart,

Commando Martyr Halimeh, commando palestinien ayant détourné le vol lufftansa sur Mogadiscio en somalie avec 81 personnes à bord.  

Pourquoi cette photo est iconique ?

Cette photo est iconique car elle représente les années dites de plomb ( des années 70 aux  années 80) 

En France : Assassinats de l’industriel (Renault) Georges Besse en 1986 et du général Audran en 1985 par l'organisation terroriste d'extrême gauche Action directe.

 

En Italie : Assassinat du leader politique Aldo Moro en 1978 par les Brigades rouges l'organisation terroriste d'extrême gauche 

SEBASTIAO SALGADO - Koweit   1991

La photo 

Au Koweït, pendant la guerre du Golfe, en 1991, Sebastião Salgado s'est rendu auprès des pompiers qui luttaient contre les incendies des puits de pétrole allumés par les troupes de Saddam Hussein. Cette photo est une immersion totale dans une image apocalyptique.

L’ouvrier est adossé à une roue d’un engin de chantier, il est épuisé, il a un regard désespéré, il baisse les bras. Son corps est couvert de pétrole de la tête aux pieds. Il est assis dans la boue et ses pensées sont ailleurs.

Cette photo me rappelle le film « Le salaire de la peur » d’Henri Georges Clouzot (1953) quand Charles Vanet entièrement couvert de pétrole se fait écraser une jambe par le roue du camion conduit par Yves Montand. 

Sebastião Salgado né au Brésil, se consacre depuis 1973 à la photographie de reportage. La famine au Sahel puis les conditions de travail des immigrés en Europe inspirent ses premiers travaux.

Un de ses reportages les plus renommés, intitulé La Mine d'or de Serra Pelada, porte sur le quotidien dans une mine d’or au Brésil, reportage dans lequel il parvient à décrire les conditions de travail auxquelles les mineurs sont soumis.

Plus récemment en 2013, Les envoûtantes photos noir et blanc qui composent le projet GENESIS montrent des paysages et des hommes épargnés par l’assaut dévastateur de la société moderne. 

Pourquoi cette photo est iconique ?

Cette photo illustre un pan de notre histoire moderne et met en avant les conséquences environnementales que peuvent avoir les conflits contemporains. 

C’est une énième prise de conscience écologique mainte fois rappelée depuis le début des années 80.

Elle témoigne aussi de la vie des hommes du monde entier, de leur travail, de leurs souffrances et de leurs exodes et interroge la relation que l'homme entretient à son territoire. 

 

 En France , on peut citer Yann Arthus-Bertrand ,« écologiste commercial », et son livre photo : la terre vue du ciel 

MARTIN PARR - L’Acropole, Athènes  1991

La photo

Sur cette image prise en 1991, le ciel est plombé, Martin Parr nous épargne le ciel bleu méditerranéen standardisé de l’iconographie industrielle. L’Acropole a l’air tout propre. Un second groupe de voyageurs à gauche semble tendre l’oreille aux explications d’un guide. Les touristes du premier groupe se rapprochent l’un de l’autre, la mine à la fois heureuse et embarrassée ou on affiche ce sourire archétype qui semble dire « moi aussi j’ai été en Grèce » indissociable depuis longtemps de l’industrie touristique internationale. Le touriste photographe à demi hors cadre du premier plan fait la photo traditionnelle et on s’imaginer facilement  être à sa place. Techniquement, Martin Parr met en valeur l’Acropole ( au croisement de deux diagonales et sur un point fort) mais le sujet c’est la critique du tourisme de masse symbolisée par une diagonale négative qui part de l’angle droit de l’image au bord gauche.

Martin Parr naît en Angleterre en 1952, issu d’une famille aisée londonienne, il intègre l’ agence Magnum vers la fin des années 1970.
Dans ses photos, il n’hésite pas à s’amuser des comportements des touristes, qui tiennent la Tour de Pise dans leurs doigts, qui s’induisent leurs lèvres de crème solaire ou encore qui se prélassent en masse sur une plage artificielle au Japon… tout cela pour montrer les délires provoqués par la consommation de masse, avec un humour « so british ».

Ses photos témoignent de l’essor inexorable de l’industrie du tourisme : Il dit : « Maintenant, il est presque impossible de prendre une photo sans qu’une personne en prenant une ou posant ne soit dans le champ ». Il remarque également que les touristes prennent plusieurs photos d’un monument avant de passer au suivant. Il explique encore que la majorité de ces photos sont certainement publiées sur différents réseaux sociaux et restent ainsi à traîner dans les disques durs, jusqu’à être oubliées. Il critique le tourisme dans ses œuvres mais n’oublie pas qu’il est un moteur essentiel à l’économie des pays en développement. 

Pourquoi cette photo est iconique ?

 

Cette image est iconique des années 80 à aujourd’hui. Derrière son aspect cocasse, elle se révèle très critique sur la consommation et le tourisme de masse,. Elle porte également un regard profondément ironique sur l’être humain dont elle dissèque les comportements à la manière d’un anthropologue, comme Martin Parr se définit lui-même.